OPALE

Exposition en interne des résidents d’OPALE

La chambre de repos, 2021

installation de Claire Renier

Ici, les visiteurs de l’exposition sont invités à s’arrêter un moment, rêvasser, ou lire.

J’y viens régulièrement pour accueillir des visiteurs, faire « vivre » le lieu même si je ne suis pas là : cueillir de nouvelles fleurs, les arranger, changer la disposition d’un ou deux objets. 

Cette « installation » est réalisée à partir de matériaux existants, d’objets personnels et d’autres, trouvés pendant la préparation de l’exposition : une pierre, deux plantes, une Immortelle et une Queue de lapin, une applique posée au sol, des petites dalles hexagonales, avec lesquels on peut jouer, réaliser des constructions imaginaires…

On peut y lire aussi quelques lignes de la nouvelle de Robert Walser, La promenade ; récit d’une marche qui va durer une journée, traversée par les pensées de l’écrivain. 

En voici un extrait : 

« Tandis que j’allais mon chemin tel un voyou amélioré, un vagabond, maraudeur, fainéant ou chemineau plus raffiné, longeant toutes sortes de confortables jardins regorgeant de légumes satisfaits, longeant des fleurs et des parfums de fleurs, longeant des arbres fruitiers et des pieds de haricots couverts de haricots, longeant de hautes céréales épanouies telles qu’avoine, seigle, ou froment, longeant un entrepôt de bois avec du bois et de la sciure de bois, longeant de l’herbe grasse et le gracieux gazouillis de rigole, d’une rivière ou d’un ruisseau, côtoyant doucement et joliment toutes sortes de gens comme de gentilles marchandes vaquant à leur négoce, et passant tout aussi bien devant le siège d’une association gaiement pavoisé de joyeux drapeaux que devant mainte autre chose bienveillante et utile, devant un spécimen particulièrement beau de pommiers des fées et devant Dieu sait quoi encore, par exemple devant des fleurs de fraisiers ou, déjà mieux, gentiment devant des fraises mûres et rouges, tandis que toutes sortes de pensées m’agitaient fortement, parce qu’en promenade bien des idées soudaines, éclairs de lumière et illumination éclairantes, se produisent et s’introduisent spontanément afin qu’on les exploite et les élabore avec soin, voilà que vient à ma rencontre un être, un colosse et un monstre qui me cacha presque complètement de son ombre la rue ensoleillée, un type tout en hauteur et inquiétant que je ne connaissais que trop, un drôle de pistolet vraiment, j’ai nommé le géant Tomzack.»

Pages 40 et 41. 

Je m’intéresse depuis plusieurs années à la notion d’« habiter » et tente de mettre en pratique ce qu’on pourrait appeler une « esthétique de l’attention».

Photographies

Lanternes japonaises, 2021

            Le « Physalis » est une plante appelée couramment «Lanterne japonaise», « Cerise de terre », « Coqueret » ou encore « Amour en cage ». Il se nomme aussi« Physalis Alkékenge », qui date du XVIème siècle et dérive de l’arabe « al-kâkange ».

Cette plante m’interpelle : les fruits du calice sont toxiques (baies dans une cage rouge-orangé) tandis que les baies jaunes d’or dans une cage kaki clair-paille contiennent des baies comestibles. Les fruits sont beaux et appétissants mais sont en réalité dangereux, comme beaucoup de plantes sauvages. 

La morphologie et la dangerosité potentielle des végétaux m’intéressent.

La pratique du jardinage et la lecture m’ont permis de porter un autre regard sur les plantes. Elles ne sont pas destinées uniquement à la consommation de l’homme, elles ont leurs propres moyens de protection et de survie, comme les animaux. 

Février. Je tente de capter les effets de la lumière sur la branche, les deux « calices » séchés (enveloppes fines) du Physalis, les ombres produites.  

Les 4 photographies mettent en scène l’acte du toucher, thème que l’on retrouve dans les « Marches » où les personnes sont invitées à « improviser » par le mouvement avec l’environnement, les performances Sororal (Ateliers Babiole à Ivry en 2017) et Tout contre, imaginée en Ardèche en 2018